Hommage à Raoul Hausmann - Bouturage d’images

 
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Projet d’exposition collective de la coopérative de solidarité artistique de la Municipalité régionale de comté (MRC) de Drummond à la galerie Axart de Drummondville


À quelques reprises, chaque année, les artistes de la coopérative se lancent un défi en s’imposant des thèmes qui les obligent à mettre à l’épreuve leur créativité. Cette année, le groupe d’artistes qui s’occupent du montage des expositions à la galerie Axart a choisi le Bouturage d’images parmi plusieurs thèmes proposés. Chacun, sur un canevas de dimension aussi imposée, devait déposer au hasard un minimum de trois « déchirures » de documents personnels ou empruntés. À partir de ces pièces, les artistes devaient développer une nouvelle création. La dernière étape consistait à retirer les pièces initiales et terminer leur œuvre en comblant les espaces laissés vides.


Comme photographe, je ne voyais pas comment je pouvais participer à ce projet. J’ai réfléchi pendant plusieurs jours, plusieurs semaines même en tournant et retournant dans tous les sens les éléments de la proposition. Puis, je me suis lancé en me disant que je devais me lancer dans l’aventure.


J’ai donc mis de coté un certain nombre de mes photos surtout parmi celles, nombreuses, que je fais à l’occasion de visites de lieux d’exposition. Après tout, ce défi lancé à ma créativité pourrait peut-être me démontrer à moi-même d’abord mon propre processus de création en analysant une démarche qui serait étalée dans le temps puisque en apparence, la création du photographe semble souvent durer une fraction de seconde, celle du peintre, des heures et des jours.


Composer une image dans le temps permet à l’intuition et à la réflexion d’avoir une conscience plus aigüe du processus. C’est ainsi que j’ai utilisé des photos d’œuvres d’artistes que j’apprécie au plus point pour créer deux photomontages en utilisant comme point départ une photo anonyme [c. 1917] du couple mythique du Dadaïsme (Hannah Höch et Raoul Hausmann). Après avoir terminé les deux propositions sur le thème imposé, j’ai découvert que Raoul Hausmann était le père du photomontage.


Ces deux photomontages sont donc un hommage à Raoul Haussmann.


1- Sur l’échiquier de la création




Texte d’accompagnement


Sur l’échiquier de la création,

l’artiste est le chevalier servant de son art,

rarement reine ou roi,

fou montant à l’assaut

de la forteresse de l’intelligence

bordée de tours défensives,

parfois appuyé par des pions, témoins de première ligne du réel,

qui révèlent du sens,

éclairés par leurs connivences

avec l’imaginaire.


Demarche


Toutes ces boutures photographiques me sont venues intuitivement à partir d’éléments d’abord rationnels transformés et avoisinés par l’imagination. Il y a eu constamment des allers-retours entre intelligence et intuition, l’« intuilligence » peut-être.


Ce premier photomontage, que l’on peut diviser en deux parties (gauche-droite), est une métaphore du cerveau. La photo en haut au centre – le couple Hannah Höch et Raoul Hausmann, posée sur la pointe, photo d’une œuvre à l’origine circulaire, mais tronquée sur 4 côtés fait le lien entre les deux parties. De plus, cette photo laisse deviner, grâce au reflet de ma main droite que l’on entrevoit devant la photo, la part active de l’artiste dans la création. L’artiste-artisan est l’instrument de son intelligence-intuition.


2- Pour partir ailleurs




Texte d’accompagnement


Pour partir ailleurs, sans contrainte de temps ni d’espace, ni d’époque ni de lieu,

empruntez les chemins de l’art.

Tout en demeurant là où vous êtes,

la spirale de l’imaginaire vous fera oublier le temps présent

pour vous ramener dans les rayons du passé

ou vous projeter vers les baisers multicolores de l’émotion.


Démarche

J’ai d’abord posé sur mon canevas les trois photos que j’ai faites de Composition en blanc, noir et rouge, [1936] de Piet Mondrian, en me disant que contrairement au bouturage précédent, celui-ci serait élaboré à partir d’une seule peinture prise en photo sous différents angles, qui me faisait voir l’œuvre et ses ombres portées sur le mur.


En partant de ces trois photos de peinture, je ne voulais y bouturer que des photos de lieux et des photos de photos prises à l’occasion de visites d’expositions.


La terrasse le long d’une des quatre tours de la bibliothèque nationale de France où l’on lit « empruntez les chemins…(antidérapants) » devenait nécessaire avec son message explicite. Le montage allait faire l’éloge de l’exploration de l’art par ce message clair.


Une autre photo avec un texte m’est venue à l’esprit, celle de la vitrine arrière de la Grande bibliothèque de Montréal, avenue Savoie, avec son écriture inversée puisque normalement on la lit de la rue et que la photo a été prise de l’intérieur – Vous êtes ici, avec tous ces personnages blancs qui empruntent divers chemins pour aller dans toutes les directions comme les passants de la ruelle.


Je tenais ici le thème complet du montage qui était demeuré imprécis, seulement intuitif jusqu'alors. Je gardais aussi avec cette photo monochrome la dominante noir et blanc de ce montage axé sur la photographie.



NOTE générale :


Toutes les photos d’œuvres (peintures et photos) sans exception sont des photos originales que j’ai faites à l’occasion de visites d’expositions en 2017. Aucune photo n’a été « empruntée » à des livres ni à des publications électroniques de quelque nature que ce soit.